RINGO AU PISTOLET D' OR

(Johnny Oro)

de Sergio Corbucci 1965

Avec Mark Damon, Valeria Fabrizi, Franco De Rosa, Andrea Aureli...

Musique de Carlo Savina

Lien IMDb : Ringo au pistolet d' or


Résumé :

Ringo, redoutable chasseur de primes, vient de décimer les frères Perez excepté le plus jeune dont la tête n'est pas mise à prix. Non loin de là, à Coldstone,un shérif honnête et droit vit les derniers jours de sa fonction, mais il se voit obligé d'emprisonner Ringo qui a fait usage de la violence dans sa ville. De son côté le jeune Perez a bien envie de se venger...


Critique :

 

Troisième incursion de Corbucci dans le western (les trois la même année…bien que certaines sources attribuent ce film à l'année 1966), Ringo au pistolet d’or n’en est pas pour autant convaincant…ce film pose quelques problèmes.
Visiblement le réalisateur et ses scénaristes ont eu du mal à savoir sur quel pied danser. Ici la série « b » s’assume complètement mais c’est l’identité même du film qui est hésitante.


L’histoire use des poncifs du western américain mais tente aussi de-ci de-là d’inclure de nouveaux aspects (rappelons que la révolution Leonienne ne date que d’un an) du genre à l’italienne. Lorgnant du côté de "L’homme des vallées perdues", de "Rio Bravo" pour l’histoire, on y retrouve le shérif loyal, l’enfant et son modèle, les indiens belliqueux…les éléments italiens étant apportés par le personnage principal, le chasseur de prime (sujet du second western de Leone produit la même année) Ringo/Johnny. Mais c’est justement ce personnage qui pose problème. Le décalage apporté par un nouveau type de personnage dans un western « à l’ancienne » aurait pu être intéressant mais malheureusement Ringo ne semble pas être un personnage assumé. Il arrive même en second plan lorsqu’il se retrouve emprisonné et donc inactif. Toute dimension mystérieuse autour du personnage est annihilée puisqu’il en arrive à s’expliquer sur son attrait pour l’or, sur ses origines et sur ses intentions. Tout de noir et d'or vêtu, il est en contradiction avec les tentatives réalistes du genre. Alors que certains réalisateurs commençaient à montrer des personnages sales, mal rasés, cigare au coin du bec, Corbucci pose son Ringo comme un maniaque de la propreté, moustache finement taillée, fumant au fume-cigarette, nettoyant constamment son pistolet doré et portant des vêtements d’une noirceur irréprochable.
C’est finalement lors du massacre final que le réalisateur imposera ce qui fera plus tard son succès, Ringo déchaîne, en provoquant une immense explosion, une vague de violence sur la ville pour se débarrasser des assaillants…Django est en train de naître. Pour l’acteur principal Mark Damon, il s'agit ici de son premier rôle dans un western. Grimé en métis américano-mexicain, il tente d'aller vers l'ironie mais son personnage, finalement assez creux, finit par ne plus intéresser. Damon est d'ailleurs trop inexpressif pour être engageant ! A l'inverse le personnage du shérif, campé par Ettore Manni, est clairement l'archétype du shérif américain, loyal, proche de sa famille et soucieux de la bonne éducation de son fils, il n'agira qu'en fonction de ce que son sens de la justice lui dictera. Ses rapports avec Ringo ne sont malheureusement que survolés. Malheureux d'autant plus que le fils du shérif est fasciné par le chasseur de prime, situation qui aurait pu amené une rivalité intéressante entre les deux personnages...rendez-vous manqué !

Ensuite, comme souvent chez Corbucci, le peuple mexicain est présent mais il n’est encore représenté que par une fratrie sanguinaire. Ils s’associeront d’ailleurs avec les Apaches désireux de se venger de la manière dont ils sont traités par les blancs…au final ils ne sont présents, à l’instar de beaucoup de westerns américains, que pour faire figuration de cadavres tombant sous les balles du shérif et de ses amis retranchés dans la prison.
D’une manière générale Corbucci, qui l’année suivante avec Django deviendra l’un des plus grands représentants du western italien, dirige l’ensemble de son film comme un sous-produit américain et empêche donc son film de posséder une réelle identité latine.
La musique elle même semble hésiter et, sans doute par manque d’innovations, pique certaines notes à la composition signée Morricone de Pour une poignée de dollars !
Quant à la direction artistique pourtant prise en charge par le collaborateur de Leone, Carlo Simi, elle est à l’image du reste du film et n’à pas le souci de perfection de Leone.
Ce film se pose donc comme un balbutiement de l’œuvre "westernienne" à venir de Corbucci mais ne fait que laisser l'impression d'un projet bâclé.

Au final certains détails amusent : Ringo sifflant la musique du générique pour appeler son cheval, les explosifs dissimulés dans une gourde et le jeune Perez touchant à la carabine, et tenant un otage entre les bras, les boutons de manchettes de Ringo avec une précision qui ferait pâlir Clint Eastwood!!!

Sorti en France deux ans après, les distributeurs renommèrent alors le héros en Ringo (comme aux USA) surfant sur le succès populaire de la série Ringo initiée par Duccio Tessari. Cette pratique sera ensuite très très courante, de nombreux films se voyant alors faire partie de la série des Trinita ou des Django...


 


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L'homme des vallées perdues

Rio Bravo

Ettore Manni