ARIZONA COLT

(Arizona colt)

de Michele Lupo 1966

Avec Giuliano Gemma, Fernando Sancho, Corinne Marchand, Roberto Camardiel...

Musique de Francesco De Masi

Lien IMDb : Arizona colt


Résumé :

Afin de recruter des hommes pour cambrioler une banque, le bandit Gordon Watch attaque une prison et en libère ses occupants. L'un d'eux, Arizona Colt, décide de suivre la bande de hors-la-loi mais sans s'engager avec eux, persuadé de pouvoir tirer profit de la situation.


Critique :

Nous sommes en 1966 lorsque Michele Lupo, réalisateur issu du péplum, tourne Arizona Colt. Le western italien est tout jeune mais déjà les précédents gros succès des Leone, Corbucci et Tessari ont fait des émules. Outre les multiples références aux "Dollars" de Leone ou encore au "Django" de Corbucci, la principale intention du film est de surfer sur la récente starification de Giuliano Gemma et surtout sur le film qui l'a révélé "Un pistolet pour Ringo". En effet le personnage de Arizona Colt est une copie quasi conforme du fameux Ringo. Même désinvolture matinée d'ironie, même esprit calculateur et espiègle, la copie va jusqu'à sa non prise de parti pour aucun des camps s'affrontant face lui, a moins bien sûr d'y trouver un quelconque intérêt. Ce qui en fait, à l'instar de Ringo, un personnage intéressant puisqu'il possède le caractère amoral des héros du western latin mais garde un aspect très américain dans le soin porté à son apparence et dans son goût pour les cabrioles. Mise à part ce point de départ purement commercial, le film, sans jamais nous surprendre, n'en est pas moins de bonne facture. Gemma est forcément très à l'aise dans ce registre, Fernando Sancho continue de jouer les bandits tyranniques avec la même force qu'à l'accoutumé, le présence froide de Corinne Marchand apporte une touche féminine assez rare alors dans le western. Elle y incarne Jane, fille du propriétaire du saloon et femme au caractère très fort, elle est aux yeux de tous inabordable. Antithèse de sa soeur Dolores, incarnée par Rosalba Neri, elles représentent à elles deux deux faces de la féminité, l'une froide et forte et l'autre au sang chaud, vulnérable. Le tout appuyé par la dualité blonde/brune, européenne/latine.

Autre personnage intéressant : Double Whisky, interprété par Roberto Camardiel. Premier personnage à apparaître dans le film, cet ivrogne s'amuse d'armes et d'alcool puisque ses gourdes de whisky cachent de puissants explosifs et qu'une de ses fioles, inoffensive, est en forme de colt. Mise à part la symbolique un peu lourde de la comparaison alcool/engins de mort, ce personnage est l'un des plus attachants. Faisant parti a priori du gang de Gordon Watch, il ne s'en montrera pas moins dégoûté par la cruauté de celui-ci et préférera la présence d'Arizona Colt à qui il portera secours après avoir dérobé les bandits. Double Whisky, jusqu'ici subissait les évènements du moment qu'il pouvait boire, mais les horreurs dont il sera témoin et la désinvolture du héros l'amèneront sans trop tarder à choisir son camp. A coup de touches subtiles apportés surtout par le talent de l'acteur, la profondeur psychologique du personnage n'en est que plus forte.

Malgré la quantité de scènes conventionnelles, on s'amuse plus volontiers de l'affrontement final qui met en scène les deux adversaires dans une fabrique de cercueils, le tout dans un jeu de cache-cache. Le travail de Guglielmo Mancori à la lumière, qui jusqu'ici était de bonne qualité mais conventionnelle, prend un tout nouvel angle en nous offrant des gros plans sur le visage de Sancho apeuré, traqué, reflétant parfaitement sa position de bourreau devenu victime.

Malheureusement la composition de Francesco De Masi, elle, ne décolle jamais, ne sachant jamais trop choisir entre le traditionnel américain et les innovations latines. Elle a au moins le mérite de ne pas piller Morricone.

Sans être une nouvelle pierre à l'édifice du western, "Arizona Colt" est une parfaite illustration des conventions du genre, sans jamais s'en montrer indigne.

A noter que le personnage refera son apparition en 1970, sous les traits de Anthony Steffen et sous la direction de Sergio Martino, frère de Luciano,scénariste de ce "Arizona Colt". Il s'agira de "Arizona se déchaîne".