BREF HISTORIQUE DU WESTERN

A l'heure où l'ouest sauvage américain vit ses dernières heures, le cinéma, lui, commence à naître. La vie des cow-boy et des indiens se voyait représentée par des romans de "gare", des feuilletons d'aventures, des spectacles vivants tels celui de Buffalo Bill...Edison s'y attela aussi très tôt grâce à son Kinetoscope (ancètre du cinématographe dont les images en mouvement n'étaient visibles que par une seule personne).
Quasiment dès l'apparition du cinéma, le western fait ses débuts, toujours grâce au travail d'Edison. Le premier évènement marquant a lieu en 1903, il s'agit de "The great train robbery" (Le vol du rapide) dirigé par Edwin S. Porter pour la Edison Company. En effet ce film raconte l' histoire d'une attaque de train par des hors-la-loi telle que les américains avaient pu en vivre. L'importance de ce film réside sur plusieurs aspects : tout d'abord, sa narration, qui décrit plusieurs actions se succédant, en fait l'une des toutes premières tentatives de fiction "complexe"; ensuite ses cadres et son montage particulièrement ingénieux
sont à remarquer, surtout son dernier plan qui effraya les spectateurs. Cette dernière image montrait un cow-boy en plan rapproché pointant son revolver en direction des spectateurs et faisant feu. Ce personnage deviendra d'ailleurs le premier cow-boy célèbre de l'histoire du cinéma; l'acteur, Gilbert M. Anderson, deviendra Broncho Billy et tournera en l'espace de 20 ans plus de 300 films, quasiment tous des westerns.
"The great train robbery" sera longtemps copié, imité, parodié.
Des héros naissent tels que Tom Mix, des réalisateurs sortent du lot comme David W. Grifith, Thomas H. Ince qui abordent différents thèmes comme celui du rapport avec les indiens... En Europe, le genre fait aussi des émules, notamment en France où un touche-à-tout nommé Joe Hamman (ayant vécu
un certain temps aux Etats-Unis, il participa entre autres au show de Buffalo Bill) rencontre un certain succès en jouant les cow-boys. Mais il est évident que sur ce terrain la concurrence avec les Etats-Unis est rude.
Alors que dans une petite bourgade de l'ouest des Etats-Unis naît Hollywood, un comédien du nom de Cecil B. DeMille écrit, produit et réalise l'un des premiers long-métrage de l'histoire du western "The Squaw man" 1914. La production de westerns devient alors énorme. De futurs réalisateurs célèbres émergent : Raoul Walsh, John Ford...ils traiteront de la conquète de l'Ouest, des indiens, du chemin de fer et établiront les premiers codes du genre. Mais la quantité prend le pas sur la qualité.
A l'avènement du parlant, arrivent de nouveaux héros. John Wayne fait ses débuts dans "La piste des géants" de Raoul Walsh (1930), certains cow-boys se mettent à chanter, tel que Roy Rogers. Le western connaît alors, jusqu'à la fin des années 40 une véritable explosion. "La chevauchée fantastique" de John Ford 1939, "La charge fantastique" de Raoul Walsh 1942, "L'étrange incident" de William A. Wellman 1943...
Puis, c'est au tour de la télévision de faire son apparition, les séries racontant l'histoire du far-west poussent comme des champignons et au cinéma le genre y perdra en quantité mais pas en qualité.
Le western voit apparaître des changements, sur une dixaine d'années: le cow-boy perdra l'aspect mannichéen dans lequel il était enfermé ("La prisonnière du désert" de John Ford 1956), les indiens acquérront une dimension plus humaine et plus juste ("La flêche brisée" de Delmer Daves 1950), les thèmes abordés se feront écho de l'actualité du pays ("Le train sifflera trois fois" de Fred Zinneman 1952)...
De nouveaux réalisateurs commencent à s'approprier le genre : Arthur Penn, Sam Peckinpah, Don Siegel, John Sturges...ce sont ces réalisateurs,en marge d'un Hollywood décadent, qui donneront jusqu'à la fin des années 70 les plus belles heures du western made in U.S.A. et qui amorceront les grands chamboulements du genre par les italiens.
En Europe, le western s'est fait feuilletonesque (westerns allemands adaptant la série de romans de Karl May "Winnetou"), maiss'est surtout fait pâle copie des modéles américains jusqu'à...1964 où contre toute attente un Italien dénommé Sergio Leone réalise "Pour une poignée de dollars". Détrônant les Etats-Unis, l'Italie deviendra pour une dixaine d'années la représentante de l'ouest sauvage américain.
Après le déclin du western péjorativement appelé "spaghetti", le genre retombe entre les mains des Etats-Unis mais ne rencontre plus beaucoup de succès. Jusqu'à nos jours, il est réapparu épisodiquement sous de nouveaux aspects ("Jeremiah Johnson" de Sydney Pollack 1972, "La porte du paradis" de Michael Cimino 1980 ou encore "Dead Man" de Jim Jarmusch 1995). Certains s'amusent avec ("Retour vers le futur III" de Robert Zemeckis 1990, "Mort ou vif" de Sam Raimi 1995). Mais, de manière générale, le résultat n'est pas très convaincant ("Young Guns" de Christopher Cain 1988, "Belles de l'ouest" de Jonathan Kaplan 1994).

Finalement, peu de personnalités semblent encore aujourd'hui associés au western. Clint Eastwood, notamment, a régulièrement réalisé des westerns, tout en faisant évoluer son personnage, à tel point qu'il semble vouloir nous dire adieu avec "Impitoyable" en 1992.

 

BREF HISTORIQUE DU WESTERN A L ' ITALIENNE

 

Le western, jusqu'aux années 60, a, par moments, fait quelques incursions en Europe mais sans jamais vraiment réussir à surpasser ni même égaler le modèle américain. Au début des années 60, L'Espagne, L'Allemagne, L'Italie (parfois associés) produisent des westerns de secondes catégories alors qu'aux Etats-Unis le genre est en perte de vitesse. Bien souvent ces productions s'inspirent de personnages célèbres. C'est en Allemagne que le western européen commence à connaître un certain succès. Le réalisateur Harald Reinl adapte la série de romans (Winetou) signée Karl May narrant les aventures d'un indien et de son ami cow-boy. On commence d'ailleurs à y apercevoir deux futures stars du western à l'italienne, Terence Hill (jouant alors sous son vrai nom Mario Girotti) et Klaus Kinski. Un nouveau filon semble alors se profiler et les producteurs de séries b se mettent alors à déveloper toutes sortes de projets de westerns à faibles coûts. Ils font alors appels à de jeunes réalisateurs, notamment en Italie où ceux-ci avaient eu l'opportunité de travailler sur de grosses productions américaines venues investir les studios Cinecitta pour des raisons financières.
Mais c'est en 1964 que le western européen va incroyablement se développer et que le western à l'iatlienne va naître. Le premier western de Sergio Leone "Pour une poignée de dollars" va alors lancer un phénomène rare dans l'histoire du cinéma. Vraiment pour la première fois, le western européen fait preuve d'une totale originalité (même si le synopsis de base s'inspire d'un sujet d'Akira Kurosawa) et d'une créativité inouie. Ce film révèlera la re-naissance d'un genre, ainsi que les débuts de carrière d'un grand réalisateur, d'un grand acteur et d'un grand compositeur.
Pendant près de 10 ans, le western changera quasiment d'origine, en tout cas changera complètement de direction, et ce jusqu'en l'amenant tout droit vers sa perte.
L'industrie cinématographique italienne s'auto-influencera, s'auto-pillera, s'auto-référencera et s'auto-parodiera jusqu'à l'auto-destruction et l'overdose. Tout ce microcosme va alors s'atteler à façonner un genre dans un système de production perdant finalement tout contrôle et en le vidant par conséquent de sa substance première. Alors que Leone verra ses budgets augmenter de films en films, d'autres réalisateurs doivent bien souvent composer avec de faibles financements mais réussissent quand même à faire preuve d'incroyables originalité et créativité. Les westerns rencontrent un incroyable succès dans les cinémas populaires à l'heure où l'Europe vit un boulversement social et où l'italie souffre d'un véritable chamboulement politique, entre corruption et terrorisme.
Le manque de considération de ce cinéma de quartier amène bien souvent des films de qualité à se trouver entre les mains de distributeur opportunistes et sans scrupules. Les titres se voient remaniés en fonction des succès précédents (Django, Trinita et autres), les films se font charcutés...
Il n'empêche que le western, lors de cette glorieuse décennie, devient quasiment un passage obligé pour tout cinéaste populaire. Ainsi de nombreux réalisateurs connus pour avoir excellé dans d'autres domaines se sont retrouvés sur ce genre de productions avec plus ou moins de succès (Mario Bava, Dario argento, Lucio Fulci...).

Mis à part le parrain Leone, d'autres noms marqueront à jamais le genre, notamment Sergio Corbucci, Sergio Sollima, Enzo G. Castellari...A force d'avoir décliné le genre sous un maximum de formes, le public ne se tournant quasiment plus que vers les parodies (Terence hill & Bud Spencer...), le western a fini par lasser, par perdre de l'audience et par désintéresser les cinéastes et les spectateurs. Une des dernières dates véritablement marquante est celle de "Keoma" d'Enzo G. Castellari sorti en 1976. Le film se pose en véritable chant du cygne pour le genre. Des années 80 à nos jours, les westerns réalisés se comptent sur les doigts des deux mains et ne sont certainement pas des plus réussis.

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